Noa Isidore : « Je me suis fait le scénario cent fois »

Crédit photo Nicolas Mabyle - DirectVelo

Crédit photo Nicolas Mabyle - DirectVelo

D'abord parmi les meilleurs Juniors français de sa génération, Noa Isidore a bien passé le cap avec la catégorie Espoirs depuis l'an dernier. Et pourtant, le coureur de Decathlon AG2R La Mondiale DT n'avait jamais réussi à décrocher un maillot tricolore sur aucun Championnat. L'anomalie est réparée ce samedi après-midi, puisqu'il s'est adjugé le titre sur la course en ligne de sa catégorie. Loin derrière les Championnats achevés frustré, où le coureur du comité Grand Est avait du monde sur le porte-bagages avant d'être contraint à l'enterrement de première classe. Cette fois, Noa Isidore a pris le taureau par les cornes et a mis tout le monde d'accord en s'imposant en solitaire à Altkirch (voir classement). Noa Isidore a confié à DirectVelo cet immense bonheur, devant les yeux bien humides de son père.

DirectVelo : Qu'est-ce que ça fait d'avoir ce maillot bleu-blanc-rouge sur les épaules ?
Noa Isidore : C'est fou, je pense que depuis petit c'est la course que je rêve le plus de gagner. Je me suis fait le scénario cent fois dans ma tête hier. Tous les ans je n'y arrivais pas, je me faisais piéger. Cette fois tout était parfait. Stratégiquement j'étais dans le coup à chaque fois, je n'avais jamais de temps de retard. Après je savais que physiquement, sur la fin, ça me correspondait parfaitement. Si certains pouvaient me suivre, ils n'auraient pas été nombreux. Au pied de la dernière bosse, j'ai lâché tout ce que j'avais et on fera le compte en haut. Quand je me suis retourné j'ai vu que j'étais tout seul. Après j'ai juste pensé à pousser jusqu'aux 200 mètres.

Les Championnats ne t'ont pas toujours été très favorables...
C'est compliqué, le système est peut-être mal fait. Nous, dans le Grand Est, il n'y a pas de N1 et on peut être neuf, alors qu'en Bretagne où le niveau est très élevé ils peuvent être à 18. C'est un peu compliqué et ça ne m'avantage pas forcément. J'ai voulu rester licencié dans le Grand Est car je voulais courir dans ma région. Ramener le titre, plus ou moins à domicile, c'est exceptionnel. C'est clairement la plus belle. En plus c'est assez tôt donc je vais pouvoir profiter du maillot. Je le porterai au Baby Giro début juin.

La solution était donc de tout faire exploser pour t'éviter un nouveau marquage...
Les autres années, j'étais trop attentiste. Je me disais tout le temps qu'il fallait que j'en garde. Là je me disais que dès le deuxième tour il fallait commencer à bouger, prendre des coups. Toute façon sur les France il faut toujours avoir un coup d'avance. Derrière ça fait bim bam boum, alors que devant tu lisses. Donc il vaut mieux être devant.

« J'AI VU MON PÈRE AVEC LES LARMES »

Tu as une mis une grosse attaque dans la dernière bosse, qu'est-ce qu'il se passe dans ta tête en voyant tout le monde craquer ?
En arrivant au pied, je me suis dit : "Tu mets tout et tu te retournes en haut". Je les voyais assez loin. Je savais qu'ils étaient cuits. Je devais pousser jusqu'à la descente et souffler un peu. Une fois à 200 mètres, si je ne les voyais pas c'était bon. C'était fou, j'ai vu mon père avec les larmes. Il ne pleure jamais mais là... Sur le bord de la route, ça m'a fait drôle. Tout le monde criait à l'arrivée, je n'arrive pas à me rendre compte pour l'instant.

Tu sors d'un Tour de Bretagne assez compliqué...
Il y a deux semaines je suis tombé lourdement. J'ai eu deux points de suture, j'avais un gros trou. Je les ai retirés il y a deux jours, j'ai fait le chrono avec les points. Mais ça se remet tout doucement. Je n'ai pensé qu'à récupérer en Bretagne. J'ai fait deux-trois étapes tranquille où je me relevais pour souffler et être plus acteur sur la fin. J'ai fait de bons efforts et j'ai pu être en très grande forme aujourd'hui.

Surtout que depuis le début d'année, tout va bien pour toi hormis ce Tour de Bretagne...
Depuis le début d'année, j'ai passé un gros cap, je le sens. Tant sur les chiffres que les sensations. Grâce à ma nouvelle équipe, j'ai tout pour la performance. On a eu deux stages en début d'année. J'ai senti ce très gros cap. Avec mon entraineur, on vise à travailler ce type d'effort. J'ai refait deux-trois entrainements lactiques et je sens que j'ai passé un cap sur ces pentes raides. Et je pense qu'à l'avenir ce seront mes efforts types. Il faut que je travaille sur mes qualités principales.

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