Conti Groupama-FDJ : Démonstration et erreur d’aiguillage

Crédit photo Hervé Dancerelle / DirectVelo

Crédit photo Hervé Dancerelle / DirectVelo

Romain Grégoire a été impressionnant, samedi dernier, pour remporter Liège-Bastogne-Liège Espoirs, quelques mois seulement après avoir quitté les rangs Juniors. Le Bisontin s’est imposé au terme d’un sprint à sept, après que ce groupe de costauds est sorti dans la dernière difficulté de la journée. Mais bien avant ce final heureux, la Conti Groupama-FDJ avait décidé de mettre le feu aux poudres. “L’idée, c’était de faire péter la course plus tôt, dans l’enchaînement de la Côte de Wanne, de Stockeu, la Côte de la Haute-Levée et même le Rosier. C’était la partie que nous avions pu reconnaître hier (vendredi). On savait que c’était vraiment difficile, avec aucun repos entre les ascensions. On pouvait tout faire sauter et c’est ce que l’on a fait”, expliquait le lauréat après l’arrivée (lire ici). Romain Grégoire était alors sorti à quelque 80 bornes de l’arrivée avec ses coéquipiers Lenny Martinez et Reuben Thompson. Seul le Français Alex Baudin (Swiss Racing Academy) est parvenu - ou a souhaité - prendre les roues.

Le quatuor a passé une bonne heure en tête de course, avant d’être repris par le peloton. “Quand on est sorti, je me suis dit que ça aurait été beau de faire le triplé… Dans ma tête, le podium était pratiquement assuré”, explique Lenny Martinez après coup. “Dans le final, à trois contre un, je pense qu’on serait parvenus à se débarrasser de lui. Je pensais vraiment que ça irait au bout. L’écart a augmenté très vite, on appuyait fort. Je sentais que j’avais les jambes pour tenir”. Et lorsque DirectVelo l’interroge sur les raisons de l’échec de cette échappée, il révèle une information importante : “On a vu, après coup sur Strava, qu’il y a visiblement eu une erreur d’aiguillage avant la côte de la Redoute. On a fait un zig zag dans la ville que le peloton n’a pas fait. Au sommet de la Redoute, l’écart avait baissé de 30 secondes par rapport au pointage précédent. On ne comprenait pas trop car on l’avait montée à bloc pour faire le forcing, justement… Peut-être que sans ça, le scénario aurait été différent”.

L’échappée a en effet été désavantagée au niveau du passage de Remouchamps. Alors que le peloton a longé la rivière d’Amblève, les quatre coureurs de tête ont fait un détour, en traversant la rivière avant de revenir du bon côté de celle-ci. La distance supplémentaire réalisée par l’échappée est de 250 mètres, selon les informations récoltées par DirectVelo sur Strava - voir photos en fin d’article -. “C’est dommage car il y avait de quoi faire ! J’avais des fourmies dans les jambes, j’avais limite envie d’attaquer dès la Redoute mais il restait encore 40 bornes”, s’amuse Lenny Martinez.

DE LIÈGE-BASTOGNE-LIÈGE AU TOUR DES ALPES AVEC THIBAUT PINOT

Reuben Thompson évoque lui aussi cette erreur d’aiguillage avec regrets. Mais le Néo-Zélandais s’est régalé avec ses coéquipiers. “C’était sympa ! Le plus fou pour moi, c’est que je n’étais même pas prévu sur cette course initialement. Je l’ai appris mardi soir. J’ai remplacé un coureur malade”. Sur le papier, cette épreuve convenait pourtant très bien au coureur de la Conti, qui évoluera dans la WorldTeam du même nom ces deux prochaines années. Alors pourquoi ne pas avoir été prévu initialement ? “Je dispute le Tour des Alpes, avec les pros, à partir de ce lundi. Je voulais vraiment venir à Liège mais en janvier, lorsqu’on a établi le calendrier, on s’est dit que l’enchaînement allait être compliqué alors j’ai dû choisir une des deux”.

Au-delà d’un scénario rocambolesque, le collectif franc-comtois a, une fois encore, montré sa force collective. “On l’avait prévu, on voulait se mettre à bloc dans ces ascensions-là pour faire la différence. On considérait avoir les meilleurs grimpeurs de la course mais aussi l’un des meilleurs sprinteurs avec Sam (Watson). Il fallait tenter le coup comme ça. Sam pouvait rester dans les roues derrière, c’était le Plan B si ça rentrait”, rapporte Reuben Thompson. De quoi confirmer encore, comme l’annonçait le manager Jens Blatter récemment, que la Conti Groupama-FDJ est actuellement la meilleure réserve au monde ? “Je n’aime pas trop dire ça mais c’est vrai qu’on gagne beaucoup et qu’on répond toujours présent. Au Triptyque par exemple, les mecs ont fait des trucs de fou avec tous les gars devant dans un groupe de dix sur un coup de bordure. Beaucoup de coureurs gagnent dans la Conti, ça booste ! Et ça montre que tout le monde en est capable”, se réjouit Lenny Martinez. “Le début de saison a été très bon du côté du front des sprinteurs. On voulait montrer que l’on est là aussi. On voulait être aussi bons qu’eux”, ajoute Reuben Thompson, pas surpris que Romain Grégoire ait été en mesure de conclure le travail. “Il est tellement fort ! Et il avait ciblé cette course”.

Dimanche matin, Lenny Martinez et Reuben Thompson se sont tous les deux envolés pour l’Italie. Ils vont donc disputer le Tour des Alpes, avec la WorldTeam, accompagnés notamment de Thibaut Pinot. Le « kiwi » avait, pour rappel, déjà participé à l’épreuve l’an passé et avait joué le classement de la montagne via des échappées (lire ici). Cette fois-ci, il faudra digérer les efforts de samedi, à Liège. Ça peut paraître un peu court mais on verra bien comment ça va se passer. On aura plusieurs rôles : équipier et pourquoi pas électron libre. On pourra sûrement essayer quelque chose”, se réjouit Lenny Martinez, déjà présent au Trophée Laigueglia en début d'année avec la WorldTeam. Il trouvera en Italie, sans nul doute, une nouvelle occasion de prendre de la caisse et de l’expérience. La démonstration réalisée en Belgique, il y a deux jours, sera en revanche sans doute bien plus compliquée à rééditer.

    

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